Saveurs de naissances

Extraits d'un échange sur la liste « Naissance » (suivre ce lien pour s'inscrire à la liste)

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Ce fil de discussion fait suite aux réactions au magazine « Envoyé spécial » diffusé sur France 2 le jeudi 24/01/02.


[...] je me suis souvenue du nombre incroyable de mères que j'avais entendu dire "je l'ai trouvé immonde à la naissance" ou encore "il était vraiment dégueulasse ; je n'ai pu le toucher que quand 'ILS' sont allés le laver" ou encore plus fort: "J'ai dit au gynéco, enlevez moi ce gnome !"

Inversement, une pensée adorablement crado m'a traversé l'esprit : lorsque ma fille aînée est née, je l'ai prise dans mes bras et j'ai bien entendu eu le bras plein de sang mêlé de vernix. J'ai attendu 24 heures avant de me laver (cada boudin !) parce que je ne voulais pas perdre cette image d'imprégnation de mon bébé. Et aujourd'hui, encore, j'ai le souvenir de cette image que j'ai ainsi gravée dans ma tête.

M.H.E.


Moi aussi ! caca boudin ! J'ai eu un mal fou à laisser partir ces traces de nos intimités mêlées. Comme le plus sensible chez moi se trouve être l'odorat, j'ai dû passer des heures entières à traquer sur leurs petits corps l'odeur délicieuse de la naissance et de mon "intérieur". Aujourd'hui encore, en y repensant, c'est comme une madeleine, tiens je me sens toute nostalgique.

Nouvelles mamans de bébé bien frais "démoulés" (comme dit ...), sniffez bien vos nourrissons... Bandes de veinardes !

F.L.


Moi c'était sur ma cuisse : au passage du bébé (vol plané jusqu'à mon ventre) il a laissé sa trace sur ma cuisse. J'ai toujours cette image gravée dans mon esprit...

C.L.


Moi, c'est le petit T-shirt que je portais a la naissance de mon aînée que je n'ai pas lavé de très longtemps... Tu n'es pas la seule "crado", tu vois !

J'ai fini par le laver, car j'ai voulu le réutiliser pour les deux autres naissances aussi :-)

F.J.


Ah, moi aussi, j'ai eu ce rituel. Un vieux tee-shirt qui date de.... 1979 (arrêtez de vous marrer celles qui sont nées cette année là !) que j'avais porté à des moments très forts de mon adolescence (ouais en plus j'étais ado en 1979, on arrête de rigoler ou je cogne !).

Bref, ce vieux tee-shirt baba cool (et voilà savez un peu la tête que j'avais à l'époque) violet-mauve.... qui avait déjà traversé les ans parce qu'il me rappelait des souvenirs. C'est celui que j'ai mis pour mon premier accouchement. Et bien entendu je l'ai remis pour les deux autres.

Nous sommes en 2002, et si quelqu'un s'avisait de me demander de le jeter, il en prendrait une ! Il est troué, délavé (la transpiration durant les accouchements.... ben voui nous zaussi on transpire, encore un truc que les périduralisées ne doivent pas beaucoup faire, too schoking my dear !) la couleur est inégale.

Mais tiens, j'aimerais bien qu'on m'enterre avec !

M.H.E.


22 ans plus tard j'ai toujours le tee-shirt jaune à encolure Bleue qui m'a servi pour la naissance de C. (et qui avait servi à la naissance de cousins !)

F.B.


Ben moi je n'ai pas voulu garder le tee-shirt des accouchements en structure hospitalière, et pour la naissance qui a eu lieu à la maison j'étais toute nue, alors pour les souvenirs, il me reste les odeurs, les odeurs du bébé tout juste sorti de moi, et que j'ai reniflé comme une malade pour être sûre de garder cela (pas lavé le bébé plusieurs jours et gardé nu contre moi) : j'arrivais même à me recréer ces odeurs quelques semaines encore après, alors qu'elles n'étaient plus là. Et les souvenirs des sensations aussi... :-)

S.G.


A la naissance de M., l'une des phrases de mes proches qui m'a le plus émue est celle de mon frère la voyant (et reniflant de près) pour la première fois quelques heures après sa naissance : "Eh, dis donc, c'est dingue, elle sent COMME TOI" !!

Et en effet, j'avais l'impression que cette odeur de noisette/amande venait de mes entrailles, de mon plus intime, et j'ai été tellement, mais tellement fière d'entendre ça !! J'ai moi aussi reniflé le plus possible ma petite fille pendant des jours et des jours, jusqu'à ce qu'elle soit gagnée par son odeur, à elle.

Quelle nostalgie. Cette fois-ci tiens, je ferai le coup du T-shirt comme toi, Martine et les autres !!! Rendez-vous en mai !

E.L.


De mon côté, comment expliquer mon trou de mémoire ? Je suis incapable de me rappeler ce que je portais au moment M pour la naissance de D. [il y a un mois] !?

Peut-être parce que j'étais dans la pénombre ?

L'odeur de mon bébé, par contre, et même la mienne... Je les reconnaîtrais entre mille !!

Bizarre...

L.R.


Ça me fait un peu réagir, vos dicussions autour du bébé gluant à la naissance et que certaines mères n'osent prendre dans leurs bras ou regardent avec un certain dégoût. Je trouve que dans vos commentaires il y a parfois un peu de jugement, comme si toutes les mères devaient obligatoirement ressentir un amour inconditionnel à ce moment-là...

Pour ma part, lorsque mon bébé est né, il m'a été mis sur le ventre sans que j'aie eu le temps de dire ouf, il était couvert de vernix (enfin tout gluant, quoi !), et j'avoue avoir été un peu hésitante dans mes gestes, oui j'ai trouvé ça un peu gluant, collant, mouillé, ça m'a fait bizarre, peut-être même ai-je eu un sentiment de dégoût, alors que j'avais très envie de le prendre tout contre moi...

On ne peut pas juger de ces réactions parfois surprenantes et qui nous surprennent parfois nous-même dans des instants que l'on expérimente pour la première fois. Il serait mensonger de ne reconnaître que les beaux et nobles sentiments, les autres sentiments parfois plus honteux font partie de l'expérience et forment un tout, non ?

B.R.


Tu as raison en bien des points, B.

Depuis que je ne fais plus rien lors d'un accouchement, les femmes accouchent généralement à "quatre pattes", et leur bébé se dépose par terre entre leurs genoux. Il faut souvent du temps avant qu'elles ne réagissent et le prennent. C'est comme si le temps se suspendait alors... Comme si plein de choses devaient prendre place...

J.C.V.


Ça m'interpelle, B., ce que tu dis là à propos du bébé qu'on t'a posé sur le ventre "sans que tu aies le temps de dire ouf", et tes gestes hésitants.

Perso, je n'ai jamais été dégoûtée par l'aspect "gluant" de mes petits à la naissance. J'ai même eu également, comme L., le réflexe immédiat de lécher ma fille aînée, et puis quand j'ai vu tout le monde autour me regardant... Bref, ça coupe un peu la spontanéité...

Par contre, je trouve assez frappant, voire même violent, la façon dont on te pose, immédiatement et sans rien te demander, ton bébé sur le ventre quand tu accouches à l'hosto.

Tu n'as en effet pas le temps "d'atterrir", rien à dire, on te le colle sur toi et il est normal que tu t'extasies au moment que EUX ont choisi pour que tu le fasses.

Pas 2 minutes après, non, bien sûr, parce que là on te l'a repris entretemps... Mais a CE moment précis, tu dois faire parler ton instinct maternel.

Désolée, mais je trouve que c'est une forme de terrorisme affectif aussi. Sous des semblants "d'humanisation" (mais enfin, vous avez pu le toucher votre bébé, on n'est pas des bêtes...), on décide même pour toi à quel moment tu as le droit ou non de ressentir un élan pour ton petit...

Je me souviens que, lors de la naissance de mon fils à la maison, je ne l'ai pas "attrapé" quand il est sorti. Il a atterri tout en douceur (enfin, en douceur, quand même un peu "savonnette" express, mais bon :-)) sur les draps, entre mes cuisses (j'étais couchée sur le côté).

Eh bien, je me souviens parfaitement que je n'ai pas eu envie de le toucher, ni même de le regarder immédiatement. J'ai expiré un grand coup, j'ai fermé les yeux, et j'ai mis un certain moment pour me reconnecter à la réalité (faut dire que ça avait été très rapide et très violent). Ensuite seulement, peut-etre une minute après (j'en sais rien du tout en fait, parce que la notion du temps à ce moment là... c'est assez vague !), je me suis assise (c'est chouette de ne pas avoir eu d'épisio !! ;-)) pour le voir, et puis le toucher doucement, et puis ensuite seulement le prendre contre moi... tout contre moi, pour ne plus le lâcher de longtemps !!! :-)

Je me souviens que j'en ai même voulu à mon mari de m'avoir dit, d'un air tout content, avant que je ne le découvre moi-même : "Eh, regarde un peu ce que c'est...", ce qui sous-entendait que notre bébé était un garçon puisque nous avions déja eu deux filles (je n'avais pas voulu connaître le sexe a l'avance).

J'aurais aimé découvrir ça moi-même, en même temps que le visage, l'odeur et le contact de mon tout petit... Mais bon, ce n'est pas si grave (mais mon compagnon est prévenu : pour le prochain, je ne VEUX pas qu'on me dise son sexe avant que je l'aie vu moi-même !)

Tout ça pour dire qu'il arrive de ne pas "tomber en amour" dans la seconde même où l'on a accouché ; et pourtant, dieu sait si je suis quelqu'un d'assez "animal" pour tout ça. Mais j'ai juste eu besoin qu'on me laisse sortir de ma bulle, me reprendre, avant d'avoir envie de faire connaissance avec mon petit.

De même, d'ailleurs, pour la mise au sein immédiate, pratiquée également presque comme une "obligation" dans certains hostos soi- disant "amis des bébés" : K. n'a jamais eu envie de téter dans les deux premières heures de sa naissance... Il a reniflé, léchouillé mon mammelon, mais il préférait cent fois regarder autour de lui, son père, ses soeurs, se plonger au fond de mon regard, tourner la tête aux babillages des deux filles... Il n'a pris le sein que quelques heures plus tard, a son aise.

Laisser faire chacun à son rythme... C'est la seule attitude respectueuse ; il ne devrait pas y avoir de règles ou de timing en amour !!

F.J.


Je suis tout à fait de cet avis. Il existe une systématisation des gestes, y compris chez ceux qui prétendent avoir réfléchi à la chose (comme on dit). On a vu ça aussi dans les maternités où les psys s'étaient formés à l'accompagnement du deuil et qui plaquaient leur apprentissage tout frais, leur écoute gluante j'ai envie de dire, sans discernement. Là plus qu'ailleurs, rien ne devrait revêtir ce caractère systématique.

F.L.


> Ensuite seulement, peut-etre une minute apres (j'en sais rien du tout
> en fait, parce que la notion du temps a ce moment là... c'est assez
> vague !), je me suis assise (c'est chouette de ne pas avoir eu
> d'episio !! ;-)) pour le voir, et puis le toucher doucement, et puis
> ensuite seulement le prendre contre moi... tout contre moi, pour ne
> plus le lâcher de longtemps !!! :-)

Tu comprends, à te relire, pourquoi j'avais posé la question de l'intérêt porté directement au bébé pendant l'accouchement ?

Et ce que cela peut induire que de forcer une femme, un homme à porter tout leur intérêt, ..., vers le bébé. Je crois, pour ma part, que bien d'autres choses entrent aussi en jeu à ce moment-là. Et que c'est à chaque individu de les vivre, à sa manière...

J.C.V.


Oui, et je t'avais d'ailleurs répondu que, pendant l'accouchement, je ne "pense" pas directement au bébé...

Mon travail, mon ventre et lui, ça ne fait encore qu'une seule et même chose, et je n'ai pas de pensée distincte pour "lui" en particulier.

Je vis le moment présent, très loin au fond de moi, point à la ligne. Je ne porte mon intérêt nulle part, j'accouche, c'est tout... Et c'est déja bien assez pour occuper tout l'horizon de ma capacité "sensorielle" :-)

F.J.


Quand R. est né... Dans les minutes auparavant, besoin impérieux de me foutre à poil et d'enlever cette saloperie verte à boutons partout, ce que j'ai fait d'ailleurs, alors qu'avec un peu de recul, ça a dû choquer la sage-femme... Immédiatement, elle l'avait à peine dans les mains, la sage-femme, que je me suis redressée, l'ai attrapé, et ai voulu le mettre contre moi, en me rallongeant.

Et là, deux bras ont stoppé le mouvement de mes avant bras, le temps de foutre un champ bien stérile entre moi et mon bébé :-((((((

Se battre, on entend parfois! Que faire ici, elles m'ont littéralement coupé l'herbe sous le pied, m'ont envoyé ipso facto un message "c'est sale", m'ont d'un coup montré à quel point j'étais "enfermée", "dépendante", à leur merci.... En y repensant, ça a certainement dû jouer un rôle dans les jours qui ont suivi et le mal que j'ai eu à gérer chaque minute de mon bébé.

M.W.

PS : et quand j'ai eu envie d'enlever mon tee-shirt à la naissance de M., je me suis dit: "Ah j'ai envie d'être nue, c'est qu'il arrive!" Pour les deux cas, c'est une sensation d'étouffement, de chaleur trop forte sous ces vêtements... Une impossibilité de ne pas les virer instantanément. Un désir impérieux, c'est au moins ça.


De lire tous ces messages sur l'odeur des bébés après leur naissance me fait me rendre compte que je n'ai pas de souvenir de cette odeur; et pour cause, mes deux enfants ont ete baignés peu après leur naissance (le fameux bain "Leboyer").

Donc voilà, c'est vraiment ce que tu dis, F., sous prétexte d'humanisation et de respect de l'enfant, il prend son bain après la naissance.

Ça nous parlait que nos enfants soient baignés après leur naissance, mais maintenant, de vous lire, une blessure oubliée remonte en moi.

En effet, peu de temps après la naissance d'E., c'est le moment du bain, on me la prend des bras et je me retrouve nue, allongée sur le lit avec mon épisio qui saigne, seule, terriblement seule, sans mon bébé, pendant une éternité. Je me rappelle que j'ai commencé à trembler, j'ai alors appelé la sage-femme pour avoir au moins quelqu'un auprès de moi, elle m'a donné une vague explication sur mes tremblements et elle est repartie.

Pour J., ça s'est mieux passé, mais je me rends compte que ça ne me correspond pas du tout que mes enfants soient baignés à la naissance. E. a baigné J., peut-être deux heures après sa naissance, mais à ce moment j'avais envie de rester tout contre lui, pas qu'il prenne son bain. Alors je me suis assise pour continuer de le voir car je ne pouvais pas ne plus le voir comme ça avait été le cas pour E. Je me suis assise avec difficulté, je me suis forcée à m'assoir, en fait, pour le bain...

En tout cas, au fil du temps que je passe sur la liste, je pense qu'il y a tant de subtilités autour de la naissance, que je ne vois pas comment une naissance peut être totalement respectée à l'hôpital. En effet, je trouve qu'il faut beaucoup d'intuition, être en retrait, et en meme temps à l'écoute pour que la femme vive ce qui vient du fond d'elle

D.V.


Perso, quand mon premier bébé est né, je me souviens que mon sentiment principal a été: "Ouf! Je m'en suis tirée !"

Il m'a paru très mignon. Bien sûr personne ne me l'a mis sur moi ou dans les bras. Pour les autres, je ne me souviens presque pas, mais bien sûr l'un a été mis en couveuse et l'autre c'est son papa et la sage-femme qui sont allés s'en occuper. Rien de tout cela ne m'a choquée. C'était comme ca.

Et en même temps je reçois vos témoignages 5 sur 5. Sûrement que de poser systématiquement le bébé sur la mère, ce n'est pas plus respectueux du rythme de la mère ou des parents. Mais je me demande quand même si le fait que je n'ai aucun souvenir d'avoir senti les bébés en cours d'accouchement ce n'est pas une grosse lacune, que ça m'aurait aidée aussi pour la naissance, et sans doute l'accueil.

Car, après tout, nos sensations prennent un autre éclairage si on les regarde autrement. Donc, sans focaliser sur le bébé, y penser davantage aurait peut-être aidé?

F.B.


> Laisser faire chacun à son rythme... c'est la seule attitude
> respectueuse ; il ne devrait pas y avoir de règles ou de timing en
> amour !!

C'est très bien résumé ;-)

Pour mon premier accouchement (dans une usine et sous péri avec NRJ ou Europe 2 en bruit de fond) quand l'obs a sorti ma fille au bout de sa ventouse et qu'il me l'a tendue en disant "prenez la !" je me suis entendue répondre NON...

J'avais l'impression que je venais de terminer un cours d'abdo-fessiers chez Véronique et Davina, j'avais fini mes exercices (poussez-bloquez gnagnagna), fallait me laisser tranquille.

Il a insisté en m'engueulant "mais, allez, prenez la !", elle hurlait alors, j'ai vraiment eu honte et je l'ai prise. Elle s'est arrêtée de pleurer et elle m'a regardé avec ses grands yeux... On me l'a enlevée juste après, mais j'étais tombée amoureuse de mon bébé dans cet intervalle.

Pour la deuxième, c'était vraiment complètement différent : toujours en clinique (ben oui... Pour les nouvelles, il y a au moins une femme qui a choisi d'accoucher en clinique après avoir suivi pendant 6 mois les échanges de la liste... comme quoi!) pas de péridurale, la seule intervention de l'obs consistait à tamponner le périnée et la vulve avec un linge trempé dans l'eau chaude.

Quand la tête est passée, je me suis complètement recentrée sur le bébé et pour la sortie des épaules et du reste je suis vraiment allée la chercher en la prenant sous les aisselles (j'étais assise).

Je l'ai posée sur moi (cela avait été tellement vite que j'étais nue, ayant littéralement arraché mes vêtements en arrivant en salle d'accouchement) l'équipe a posé une couverture sur nous et je n'ai pas bougé pendant 2 heures... Je n'avais pas envie de la toucher, pas par dégoût, mais pour la laisser tranquille. Elle est allée prendre le sein seule au bout d'une heure.

Je ne voyais que le sommet de son crâne (oh elle est brune, comme moi !) il n'y a pas eu cet échange de regard que j'avais trouvé magique pour la première... (dommage, peut-être) et je ne suis pas du tout tombée amoureuse de ce bébé, il m'a fallu un mois pour que ma fille et moi nous nous regardions les yeux dans les yeux.

J'ai du mal à conclure, je reste sur une drôle d'impression en écrivant tout cela...

P.D.


P., merci de ton récit.

Peut-être vas-tu mieux comprendre ce qui s'est passé? D'y revenir te permet de sentir ?

En tout cas, merci de ce partage. Comme quoi la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Ce qui pour une autre eût peut-être été une c... (mettre le bb sur toi alors que l'apparence était contre) ça a été un plus, finalement.

Pas facile pour les parents, pas facile pour les pros qui essaient (mais si, je vous assure!) de faire au mieux...

F.B.


Je pense que la différence entre ces deux naissances vient que d'une part les deux bébés sont différents et que d'autre part pour la 1ère naissance, et bien justement c'était la PREMIERE (le 1er enfant, tant attendu).

En plus nous avons été tellement secouées toutes les deux, que nos regards ont peut-être été des bouées de sauvetages mutuelles...

La deuxième, on ne s'est pas regardées mais le rendez-vous n'a pas été manqué pour autant, le contact s'est établi autrement, voila tout. Nous n'en n'avions sans doute pas besoin à ce moment...

Il n'y a pas eu "coup de foudre" mais l'amour s'est quand même installé... A son rythme. A notre rythme.

P.D.


Oh là là, que tes mots réveillent de choses en moi... "Coup de foudre", "rendez-vous manqué"....

Si vous le permettez, j'aimerais vous livrer un texte que j'avais écrit quelques mois après la naissance de ma deuxième fille, dont certains ici connaissent les circonstances assez... pénibles. La maladie, la séparation et tout ça...

Pour ma p'tite gueule d'amour.

Ce fut un rendez-vous manqué, mon amour...
Ta naissance fut belle, violente,
Mais nous nous y sommes manquées...
De ta venue au monde, je me souviendrai toujours,
Inopinée, brutale, harassante,
Tu m'as laissée perdue, incrédule,
Epuisée,
Dépossédée...
De quel enfant étais-je donc la mère ?
Tout avait à peine commencé
Et soudain tu étais déjà née,
En faisant ton chemin, sans hésitation, sans attente
Dans une douleur inattendue, effrayante,
Et je restai seule avec ton père.
Et déjà tu n'étais plus là,
Emmenée dans d'autres bras...
Qui étais-tu donc, petit bébé
Si fort et si pressé ?
Petite fille, petit garçon ?
Comment te donner un nom,
Toi que je n'avais même pas vue
Toi que je n'avais même pas tenue...
Oui, nous nous sommes manquées,
Et nous sommes restées seules toute une éternité
Toi loin de moi, me laissant le ventre et les bras vides, en souffrance
Moi loin de toi, te laissant perdue et vulnérable, dans la terreur de mon absence...
Et maintenant que je peux te serrer dans mes bras,
Maintenant, ma belette, je suis si fière de toi,
De ton instinct si fort, de cette pulsion de vie
Qui t'a fait lutter, envers et contre tout
Pour pouvoir exister, pour aller jusqu'au bout...
... au bout de ta naissance ; quelle leçon, ma fille !

Car si tu me souris aujourd'hui, mon bébé
C'est d'abord grâce à toi, et à ta volonté ;
Tu as saisi ta chance et tu as su te battre,
Pour voir le jour, survivre, et que l'on soit à quatre.
Maintenant que tout va bien, que nous avons tourné la page,
Je te dis "chapeau" ma fille, et surtout merci pour ton courage !
Merci surtout pour ta patience,
Car ce fut une longue route pour nous retrouver,
Combler le vide premier de ton absence,
Et recréer ce lien qu'on nous avait volé.

Laisse-moi te raconter...
Avec M., l'amour fut immédiat, instantané
La rencontre passionnée
Un vrai coup de foudre.
Avec toi, ma L., l'amour s'est construit doucement,
Avec patience et tendresse,
Et de regards timides en gestes hésitants,
De frustrations en maladresses
Nous avons enfin appris le bon langage
Nous nous sommes adoptées
Nous nous sommes découvertes, je t'ai apprivoisée
Mon petit bébé sauvage.
Mais qu'il en a fallu de l'acharnement,
Pour parvenir à vibrer à l'unisson, toi et moi
Retrouver le chemin qui nous a menées là
Que je devienne ta mère, que tu sois mon enfant...

F.J.


R. n'a pas été baigné après sa naissance : lorsque la puer est venue pour l'habiller, elle lui a même essuyé un peu la tête car elle était pleine de sang ! Et j'ai adoré pouvoir l'avoir près de moi, et le sentir...

Quand j'entends ou vois que des bébés prennent leur bain dès la naissance, je suis souvent choquée. Même dans cet article de Parents de février sur la naissance à la maison, le bébé prend son bain dès la naissance, j'ai trouvé ça dommage. Car je crois que, justement, le fait d'accoucher à la maison permet d'éviter ce genre de geste qu'on peut faire plus tard. (Mais il s'agissait peut-être du désir des parents...)

Bien sûr, c'est mon vécu, mais il me semble aussi que le fait de ne pas donner de bain permet au bébé de ne pas se refroidir...

C.L.


>Quand j'entends ou vois que des bébés prennent leur bain dès la
>naissance, je suis souvent choquée . Même dans cet article de
>Parents de février sur la naissance à la maison, le bébé prend son
>bain dès la naissance, j'ai trouvé ça dommage . Car je crois que
>justement le fait d'accoucher à la maison permet d'éviter ce genre
>de geste qu'on peut faire plus tard (Mais il s'agissait peut-être
>du désir des parents...) Bien sûr c'est mon vécu, mais il me
>semble aussi que le fait de ne pas donner de bain permet au bébé de ne
>pas se refroidir...

Bien sûr! Je suis bien d'accord avec toi.

Pour T., cela a été comme pour les enfants de D. et E. Nous avons sacrifié à la mode Leboyer, de plus sans être exercés. Comme cela a été fait chez nous, c'est passé plus en douceur, mais T. n'a pas apprécié, et le bain a vite été expédié.

J'ai vu pourtant une fois un nouveau-né bien baigné, et cela a été pour moi comme entrer dans une cathédrale. Tout s'y prétait, l'atmosphère, la température, le calme vivant, les mains du père et de la mère, les autres enfants qui jouaient autour sans en perdre une miette. J'ai vu ce bébé non pas retourner dans le sein de sa mère mais entrer dans le sein du monde, celui-ci lui rappelant celui-la. Je l'ai vu s'abîmer (au sens premier) dans l'infini, et en même temps prendre son inspiration pour entrer dans ce monde une deuxième fois...

A.B.


Je trouve que c'est une approche très intéressante du bain... Mais perso je pense que ce bain peut attendre, et que ce dont le bébé a le plus besoin juste après sa naissance, c'est d'être sur sa maman. Le père, les frères et soeurs et le reste du monde, pour moi c'est après cette première rencontre avec la mère. Je trouve que c'est extrêmement important de pouvoir avoir son bébé sur soi juste après la naissance. Peut-être parce que justement pour mes deux enfants, je n'ai pas pu le faire (V. : césarienne, R. emmené 30 secondes après sa naissance)...

C.L.


Même lors d'une césarienne, ce contact peut se réaliser, dans la plupart des cas. Deux choses sont peut-être à corriger dans les faits pour le permettre :

  1. le drap vertical qui est dressé, pour isoler le champ opératoire, peut être placé le plus bas possible -- au bas de la poitrine. Cela libèrerait un espace plus important au niveau de la poitrine de la mère. Et son bras non immobilisé pourrait maintenir l'enfant contre elle.
  2. la présence du pédiatre dans la salle d'opération, et non en dehors. Il/elle pourrait ainsi estimer l'état de santé du bébé près de la mère, sans nécessairement le triturer dans tous les sens.

Peut-être une situation à étudier dans le "projet de naissance" ?!

J.C.V.


??????????????

J'avais les DEUX bras attachés !!!!!!!!!!!!!!

J'suis une exception ?

Vu mon état de rébellion....... Avaient-ils peut-être peur que je cogne...... Ou que je parte en courant ? ;-)) :-(((((((

M.-L.B.


Tu as parfaitement raison, J.C. Je n'ai y pas songé, car pour moi le fait d'avoir une césarienne voudrait dire que là je perdrais tous les moyens que j'ai pour garder ce bébé "mien" . Alors qu'en pensant à ce genre de choses, ça me permet de relativiser une possible césarienne. Merci beaucoup.

Concernant la naissance de V., comme il est né en souffrance foetale, je l'ai vu une minute pas essuyé, une autre essuyé . Je ne me suis rendue compte qu'il avait été essuyé que lorsque je l'ai vu sans ce truc un peu blanc autour du visage ;-)) (Il est né à 37 semaines.)

D'ailleurs, je l'ai trouvé magnifique, même avec ces "taches". Je n'ai pas pu le prendre car j'avais les deux bras attachés :-((

C.L.


Pour ne pas que cette odeur d'entrailles nous échappe, bébé a été saucé dans l'eau vers une semaine, dix jours. Il y est retourné de temps en temps, toujours sans savon, lotion, gugusse.

Dans le brouhaha de la vie à quatre, je me penche sur sa petite tête où je reconnais entre l'odeur, l'odeur de lui et moi ensemble, lui et moi comme couple avant qu'il ne vienne faire partie de la famille...

Ça me pose, me repose un instant...

Je me demande si j'arriverai à utiliser du savon un jour.

C.R.


Du savon, pourquoi faire?

Quand les enfants ont joué dans un bain 1/2 heure, transformé la salle de bains en piscine... A quoi ça sert de vouloir les récurer?

C.L., là décidément crade : elle lave à peine ses légumes, pas ses enfants... et elle ??? :-)))))


Actuellement, E. est "frotté" tous les matins au liniment calcaire, et le bain le dimanche. Faut dire qu'il ne marche pas encore...

Eh bien, je n'aime le respirer que vers le mardi, lorsque l'odeur du shampooing a disparu. J'ai refilé les parfums offerts à sa naissance...

Par ailleurs, il n'a été baigné que 3 semaines après sa naissance, il n'y a que le sang sur sa tête que nous mouillions tous les matins pour en enlever un peu plus chaque jour. Parce que dur, dur quand c'est sec !!!

Alors mon bébé crade, il a une peau magnifique, aucune rougeur, etc... Ou alors c'est que la saleté protège ?? Peut-être...

S.G.


>JC : Tu comprends, à te relire, pourquoi j'avais posé la question de
>l'intérêt porté directement au bébé pendant l'accouchement ?
>Et ce que cela peut induire que de forcer une femme, un homme à porter
>tout leur intérêt, ..., vers le bébé. Je crois, pour ma part, que bien
>d'autres choses entrent aussi en jeu à ce moment-là. Et que c'est à
>chaque individu de les vivre, à sa manière...

Ça me parle beaucoup ce que tu écris, J.C., déjà ton premier message à ce sujet m'avait interpellée.

En effet, pendant mes deux accouchements, je me concentrais uniquement sur ce que je ressentais dans mon corps, c'était tellement puissant que ça me prenait toute mon énergie.

Quand E. me disait de me concentrer sur le bébé, ça m'énervait, car c'était en décalage avec ce que je ressentais. Tel que j'ai vécu l'accouchement, le bébé n'avait pas de place dans ma tête.

Plus tard, j'ai discuté avec une amie qui avait demandé la péridurale. Elle me disait que c'était merveilleux car elle ne souffrait plus, tout en conservant la sensation de ses contractions. Elle sentait la progression du bébé, l'accompagnait par ses paroles et ses pensées. En l'entendant, je me rendais compte que je n'avais pas vécu ce lien avec le bébé pendant l'accouchement, et ça me dérangeait.

Alors, quand je lis ton message, ça me fait chaud au coeur de me dire...

Oui, je pense que quelque part, j'avais le sentiment d'avoir abandonné mon enfant pendant mon accouchement en entendant cette amie. En te lisant, je me dis que c'etait ma façon de vivre mon accouchement et que ça n'a rien à voir avec l'amour que je porte à mes enfants.

Merci pour ton message

D.V.


Juste un mot à ce sujet : c'est aussi une notion très "haptonomique" "d'accompagner le bébé dans sa naissance"...

Là encore, le plus important est d'être en relation avec son propre ressenti !!

S.G.


On peut faire une liste exhaustive de tout ce qu'on a inventé autour de la naissance, soi-disant pour que cela se passe "mieux", donc dans un esprit très... disons, "humanitaire"...

Cf. le "bain" de Leboyer, la "communication-toucher" de Veldman, la respiration de Machin, la petite musique, la pénombre, et autres artifices fantasmagoriques...

On en revient toujours, quelques années plus tard ...

J.C.V.


Merci de ton beau message, D.!

Et si on voulait parler d'abandon de bébé, d'ailleurs...

En se laissant aller à nos sensations, on travaille au mieux, on conjugue nos efforts avec les siens, même si on n'a pas conscience sur le coup d'être avec lui. Mais on ne fait qu'un, non ?

Laisser tomber les sensations des contractions, s'en remettre aux contractions artificielles du syntocinon, et pouvoir alors se centrer consciemment sur le bébé, n'est-ce pas vivre cette action, qui devrait être commune, en spectateur ?

M.W.

... qui est d'accord pour ne pas culpabiliser les mères qui n'allaitent pas, mais qui veut bien aussi qu'on déculpabilise ces espèces de tarées d'un autre âge qui accouchent comme des bêtes sans penser à leur enfant, alors que Dolto nous a bien tout expliqué, qu'il fallait parler à l'enfant et tout!

(J'en ai pas après Dolto, mais après les vulgarisateurs des magazines pour parents et autres...)


Bibliographie: suivre ce lien


Lire aussi...

... et autres points de discussion sur la liste "Naissance"


Visitez les sites Internet et associations francophones pour une approche « citoyenne » de la naissance
<http://naissance.ws>