Dépassement de terme...

Extraits d'un échange sur la liste "Naissance" (suivre ce lien pour s'inscrire à la liste)

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From: "Bernadette" <bernadett@cedep.net>
Date: Mon, 5 Jun 2000 17:44:35 -0400
Reply-To: naissance@egroups.com
Subject: [Naissance] consultation

Bonjour,

Quels sont les risques réels d'une grossesse de plus de 42 semaines? Quel est votre expérience personnelle, professionnelle, ou avez vous eu connaissance de littérature scientifique à ce sujet?

Parce que, voyez-vous, je viens de franchir ce cap où le placenta est expiré selon la notoriété médicale. Et encore, souvent c'est 41 semaines qui les font frémir d'angoisse.

Mais entre ces "interventionistes de la naissance" et la femme qui a récemment accouché à 46 semaines de gestation au USA il y a tout un monde. Je ne veux pas courir de risques inutiles, mais il ne faut pas oublier que l''induction en est un en soi.

J'avais planifié un accouchement à la maison sans aucun suivi institutionalisé. Une sorcière veut bien m'accompagner dans mon choix. Donc me retrouver à l'hôpital branchée sur leurs joujoux serait un grand échec et une atteinte à ma capacité d'enfanter.

Je prends des herbes, traitement d'acupuncture, d'ostéopathie, homéopathie, rien n'y fait. J'avoue ne pas aimer bousculer mon corps et j'aimerais attendre qu'il se sente prêt. Mais attendre jusqu'à quand? Je prévois de prendre de l'huile de ricin dans 2 jours, date à laquelle je serai à 42 semaines selon l'examen clinique de ma sage-femme à 8 semaines (selon l'échographie je complétais 42 semaines le 4 juin). Je n'ai pas de date de dernières menstruations parce que j'en ai pas eu entre mes 2 enfants à cause d'un allaitement prolongé. J'ai aussi été provoquée pour ma fille à 41 semaines avec une tension artérielle qui stressait les medecins.

J'ai très peu de contractions et elles sont subtiles, mon col est effacé à 50% et je suis dilatée à 2 cm. Bref c'est pas mal tranquille. Le bébé bouge moins ces jours-ci et je surveille le coeur foetal tous les jours.

Je voudrais respecter mon corps et ne pas me lancer dans ces interventions de "médecines alternatives" mais somme toute pas très naturelles. J'ai un profond respect pour les jugements qui circulent sur cette liste et c'est pourquoi je vous sollicite.

En espérant ne pas trop vous embêter...

Bernadette


From: Francoise BARDES <fbardes@freesurf.fr>
Date: Tue, 6 Jun 2000 09:50:34 +0200

La question de Bernadette est une question bien difficile! Pour les 46 semaines j'ai un peu de doutes...

Pour l'instant, je travaille dans une maternité où on est très inquiet des termes. Nous faisons une échographie, et si le bébé a toujours une belle quantité de liquide cela nous donne encore deux jours de marge (une écho par deux jours donc), plus surveillance des mouvements actifs et monitorage.

Mais récemment j'ai eu une femme à terme dépassé, et chaque fois il a fallu donner un petit coup de pouce, comme si chaque nouvelle étape était infranchissable. Finalement elle et son bébé ont vécu une naissance un peu stimulée, juste à chaque étape, puis la naissance se remettait en route spontanément.

Mais c'est vrai que travaillant à l'hôpital je ne suis pas satisfaite des réponses tres médicales que nous donnons à ce problème et donc j'attends les avis de cette liste avec le même intérêt que Bernadette.


From: "Marypascal Beauregard" <beauregard66@hotmail.com>
Date: Tue, 06 Jun 2000 10:03:37 EDT

allo Bernadette

Moi, juste personnellement au senti, je ne m'énerverais pas trop. Tu sais, le bébé de Leilah (Birthlove site) est né lui à 46 semaines, presque 13 livres.

La source des problèmes selon moi, c'est qu'on accorde trop de crédit aux dits des crétins. (S'cuzez si c'est insultant, mais je trouvais que c'était une joli rime...)

Alors, la littérature nous dit que 40 semaines n'est qu'un standard. Comment la sage-femme a-t-elle détecté l'âge de la grossesse si tu n'as pas eu de menstrues ? Sais-tu quand tu as conçu ?

Peut-être que tous les calculs sont dans le champ. Pis de toute façon, en tant qu'infirmière, tu sais certainement quoi vérifier... C'est pas la même chose que si tu avais un sec. 2, mal nourrie et toxicomane...

Que la paix, la conscience et la confiance t'entourent dans ton cheminement.

C'est un défi, la naissance à la maison, à plein plein de niveaux, ne l'oublie pas. C'est définir soi-même les limites, la notion de risque, les limites de la démarche.

amour et paix

mapa


From: "Jean-Claude Verduyckt" <carrefour.naissance@swing.be>
Date: Tue, 6 Jun 2000 17:40:31 +0200

Bonjour Bernadette,

J'ai vécu plusieurs situations comme la vôtre. Très étonnant, à chaque fois j'ai été appelé la nuit qui précédait le jour décidé pour soit consulter un gynéco-obstétricien, soit pour déclencher artificiellement, ... !!

En Belgique, l'attitude classique veut que l'on attende 40 semaines et 10 jours pour provoquer l'accouchement (en milieu hospitalier s'entend). Il paraît qu'en Hollande on attend jusqu'à 43 semaines, mais je n'en ai pas confirmation.

Pour ma part, a priori, la grossesse peut se poursuivre, mais l'évaluation se fait pratiquement au cas par cas. Les infos que vous écrivez laissent supposer qu'il n'y a pas pour l'instant de problème pour vous. Mais seule votre sage-femme, car à vos côtés, peut vraiment vous répondre (la "clinique" étant pour moi le plus important).

Plusieurs gynécologues m'ont confirmé qu'il n'était pas nécessaire de faire un suivi par échographie (notamment pour estimer le placenta) ou par doppler. Le plus important est la surveillance "cardiographique" du foetus, quotidiennement (la lecture du graphe demande toutefois une certaine habitude). Un autre point, qui est régulièrement soulevé, est la taille du foetus s'il dépasse le terme de 42 semaines.


From: Marianne Mead <mmead75337@cs.com>
Date: Tue, 6 Jun 2000

Chère Bernadette,

> Quels sont les risques réels d'une grossesse de plus de 42 semaines? Quel
> est votre expérience personnelle, professionnelle ou avez vous eu
> connaissance de littérature scientifique à ce sujet?
> Parce que voyez-vous je viens de franchir ce cap où le placenta est expiré
> selon la notoriété medicale. Et encore, souvent c'est 41 semaines qui les
> font frémir d'angoisse.

Il est sans doute difficile de donner une idée précise des risques d'une grossesse de plus de 42 semaines. Le placenta n'expire pas vraiment après 42 semaines. Si il expirait, pas un seul foetus ne survivrait passé ce cap. Il est pourtant souvent admis que le placenta se dégrade après cette date. Certains disent que ceci se passe même après 40 semaines. Mais je ne pense pas que ceci soit tout à fait vrai pour les raisons suivantes.

J'ai fait une étude comparative de quatre maternités qui représentaient près de 13000 accouchements, dont 12572 accouchements simples. Il n'y avait que 16 accouchements après 42 semaines, huit après travail spontané et huit après induction; 9 primipares et 7 multipares. Tous les enfants sont nés en bonne santé, un seul enfant ayant un score d'Apgar inférieur à 7 à une minute. Une de ces grossesses est rapportée comme ayant un âge gestationnel de 48 semaines ce dont je doute énormément. Il est fort possible que ceci soit une erreur d'entrée de données. Identique pour la brave dame qui a accouché à 46 semaines aux USA. Tout est possible, mais il y a une différence entre ce qui est possible et ce qui est probable.

Les 7 multipares ont eu un accouchement normal, les 9 primipares ont eu 4 accouchements normaux, 3 forceps/ventouse et 2 césariennes d'urgence.

Ce sont des petits chiffres et je ne pense pas que l'on puisse les généraliser parce que dans la plupart des maternités, les femmes sont induites après 41 plutôt que 42 semaines. J'ai consulté rapidement la Bibliothèque Cochrane qui n'a malheureusement pas de revue systématique sur ce sujet.

Par contre, j'ai ré-examiné le poids moyen de naissance à partir de 35 semaines pour ces grossesses et voici les résultats:

Semaines de gestation Moyenne N Ecart-type
35 2504.87 129 405.64
36 2695.80 240 466.78
37 3006.48 586 470.01
38 3211.87 1587 441.76
39 3371.30 2323 445.64
40 3503.06 3487 426.01
41 3655.50 2104 438.37
42 3706.50 382 432.70
43 3821.00 10 344.04
44 4268.00 5 424.64
48 3380.00 1 .
Total 3413.10 10854 495.82

Ces résultats me laissent penser que le placenta ne cesse pas de fonctionner après 40 ou même 42 semaines vu l'augmentation du poids de naissance moyen de l'enfant.

La Bibliothèque Cochrane indique que pour le moment il n'y a pas de raison de penser que le monitoring anténatal soit particulièrement fiable, mais il indique aussi que les études sur lesquelles ces conclusions sont basées datent de l'introduction du monitoring prénatal et devraient être refaites. Le jury ne se prononce donc pas vraiment à ce sujet.

Il est une chose qui est par contre bien établie. Un enfant en bonne santé bouge, et il en est de même pour le foetus. Une foetus à terme continue à bouger si il est en bonne santé. L'argument qu'il n'a pas de place est plein de bon sens peut-être, mais il oublie que le gosse qui grossit a aussi plus de muscles! Il est donc impératif que vous soyez attentive aux mouvements de votre enfant. Si vous avez le moindre doute quant à ceux-ci, il est important de consulter et de ne pas attendre le lendemain ou le surlendemain.

> J'avais planifié un accouchement à la maison sans aucun suivi
> institutionalisé. Une sorcière veut bien m'accompagner dans mon choix.
> Donc me retrouver à l'hôpital branché sur leurs joujoux serait un grand échec
> et une atteinte à ma capacité d'enfanter.

Par sorcière, vous entendez quoi au juste? Je ne veux pas reprendre ce qui a été dit sur les personnes qui peuvent suivre une femme en travail et au moment de l'accouchement, mais j'espère que vous aurez quand même une sage-femme en plus de la dite sorcière.

Je pense que tout est aussi relatif. Si vous êtes inquiète sur la santé de votre enfant in utero et que vous consultez et qu'il y a à penser que cet enfant commence à démontrer un insuffisance placentaire, les joujoux peuvent jouer un rôle vital et vous aider à décider jusqu'où et quand l'enfant peut continuer à rester in utero sans danger, que ce soit avant ou pendant le travail. Je pense qu'aller jusqu'à 42 semaines de grossesse démontre bien votre capacité de mère.

> Je prends des herbes, traitement d'acuponcture, d'ostéopathie, homépathie,
> rien n'y fait. J'avoue ne pas aimer bousculer mon corps et j'aimerais
> attendre qu'il se sente prêt. Mais attendre jusqu'à quand? Je prévois
> prendre de l'huile de ricin dans 2 jours

Tout est une question de goût, mais de l'huile de ricin - faut être dévouée!!!

> J'ai très peu de contractions et elles sont subtiles, mon col est effacé à
> 50% et je suis dilatée à 2 cm. Bref c'est pas mal tranquille. Le bébé bouge
> moins ces jours-ci et je surveille le coeur foetal tous les jours.
> Je voudrais respecter mon corps et ne pas me lancer dans ces interventions
> de "médecines alternatives" mais somme toute pas très naturelles. J'ai un
> profond respect pour les jugements qui circulent sur cette liste et c'est
> pourquoi je vous sollicite.

Il est très difficile sur message électronique de se faire une idée exacte de ce qui se passe. D'après ce que vous dites, il semble que si un ultrason a été fait à huit semaines, les dates devraient être relativement exactes. Ceux qui font des échographies très régulièrement pourront vous donner les variabilités que l'on peut admettre à cet âge gestationnel.

Le plus important, d'après moi, est votre impression des mouvements foetaux, que vous écoutiez ou non les bruits du coeur. Je présume que vous avez accès à un doppler plutôt qu'à un monitoring.

Bien possible que le temps que vous receviez certaines réponses, vous ayiez accouché. Je vous le souhaite. De toute façon, qu'importe la manière dont le travail et l'accouchement se font, je pense que votre sens de l'écoute de votre corps et de votre enfant démontrent amplement votre désir d'être la meilleure mère que ce petit puisse désirer. En fin de compte, si le placenta continue à faire son boulot, chapeau!, mais si il en a un peu marre et qu'il faut intervenir, je ne verrais certainement pas cela comme un échec mais plutôt comme le résultat de l'attention que vous portez à l'écoute de votre corps et à celui de votre enfant. Une réussite en puissance!

Avec mes meilleurs voeux de succès pour vous et votre famille

Marianne


From: "Bernadette" <bernadett@cedep.net>
Date: Tue, 6 Jun 2000 16:23:15 -0400
Subject: [Naissance] toujours enceinte...

Et non je n'ai toujours pas accouché et la situation est toujours la même.

Merci sincèrement pour les réponses et bons mots que vous m'avez généreusement apportés.

J'aimerais répondre à quelques interrogations.

Concernant mes dates:

Pour déterminer la date j'ai eu une seule échographie à 17 semaines. Quand je parle d'un examen à 8 semaines il s'agit d'un toucher vaginal avec palpation de l'utérus.

C'est certain qu'une écho à 17 semaines est moins précise qu'à 8 semaines mais elle doit quand même avoir une précision de + ou - 4 jours... Je dis cela après discussion avec quelques radiologues mais sans référence précise.

C'est pourquoi je me dis que l'écho me donnant comme date prévue d'accouchement le 21 mai, je me donne une marge de manoeuvre de 4 jours. Ce qui correspond aussi à la date donnée par l'examen physique. Donc tout cela pour dire de façon presque sûre que le 8 juin je serai à 42 semaines ou plus.

Concernant le suivi:

J'ai utilisé le mot "sorcière" parce qu'ici au Québec les sages-femmes font parties d'un Ordre depuis moins d'un an. Le terme "sage-femme" est donc un titre protégé et toute personne qui se l'accorde sans être inscrite au tableau est passible de poursuites. Sans vous expliquer la situation complexe qui prévaut ici, disons que j'ai fait affaire avec une "sage-femme" illégale parce que les sages-femmes n'ont pas le droit de pratiquer à domicile. En effet, depuis leur légalisation (avant la création de l'Ordre il y avait un vide juridique) elle ne peuvent pratiquer à domicile tant qu'un règlement d'une loi n'est pas adopté au gouvernement pour encadrer cette pratique. Ce règlement ne sera probablement pas adopté avant quelques années. Durant cette période transitoire les femmes peuvent accoucher à domicile mais le nom de la sage-femme qui l'accompagne doit demeurer secret.

Ceci a aussi pour conséquence que si une femme qui décide d'accoucher à la maison a besoin d'une consultation avec un médecin ou un examen cela est plus compliqué. Vous pouvez être sûre que si je me pointe à l'hôpital pour demander un monitoring ou une échographie je risque de tomber entre leurs griffes... Par contre, si mon bébé montre des signes de souffrance foetale et que suis admisse en urgence, j'ai confiance qu'ils procèderont avec rigueur et c'est seulement après que j'aurai droit à un sermont.

Concernant la surveillance foetale:

Merci Marianne et Jean-Claude pour les précisions. Je n'ai pour le moment qu'un foetoscope. Je devrais avoir un doppler ce soir. J'écoute le coeur durant 20 minutes 3-4 fois par jour. Après les mouvements ou les contractions, il y a toujours accélération, ce qui est bon signe.

J'observe effectivement les mouvements foetaux de près. S'il est vrai qu'il bouge moins depuis 2 jours, il faut dire qu'avant c'était un vrai petit énervé... Il s'est peut-être assagi avant de me rencontrer!

Je suis bien impressionnée d'être parmi les 1,6% des femmes qui dépassent leur terme. Bien qu'ici cela doit être encore moins parce que l'on provoque à 40 ou 41 semaines max. J'ai toujours senti que j'aurais cet enfant en retard. Sur les 11 grossesses parmi mes soeurs une seule n'a pas été provoquée. C'est pour dire comment le fléau de l'oxytocine et autres joujoux sévit en ce moment.

J'apprécie beaucoup tes propos concernant un éventuel recours à l'aide médicale si j'en avait besoin, Marianne. Il faut dire que je ne me suis pas vraiment remis de mon premien accouchement. Mais c'est vrai que leurs joujoux ont sauvé bien des vies et qu'il est parfois très sage d'y avoir recours.

Merci encore et je vous avise quand il se pointera le bout du nez!

Bernadette


From: Stéphanie St-Amant <amant_s@hotmail.com>
Date: Wed, 7 Jun 2000 22:38:29 -0400

J'avais remarqué sur les statistiques québécoises que les grossesses ne duraient plus + de 42 sem. depuis 1992 environ... Avant, il y en avait toujours un certain pourcentage... Changements de protocoles! Pourtant en Alberta, on vient d'instaurer une politique de contrôle des inductions considérant les risques de celles-ci et le fait que les premières grossesses surtout dureraient plus longtemps. Il doit peut-être y avoir dans ta famille, Bernadette, une propension aux grossesses plus longues. Je suis sûre, moi, que le ressenti foeto-maternel est le plus sûr gage pour savoir si ça va bien, ou non: le corps de la mère, lui, est le seul interprétant qui puisse être en contact direct avec le bébé, tout le reste n'est qu'intermédiaires, donc distanciation et faillibilité d'interprétation augmentée.

Je regarde aussi d'autres stats: les césariennes pour les grossesses gémellaires passent de 38,6% en 1982-83 à 49,5% en 1997-1998. Pour les grossesses simples, ça se maintient toujours autour du 16%. Pourtant la politique de périnatalité (1993) vise à diminuer le taux des césariennes à 12-15% d'ici 2003. Et les césariennes pour les sièges passent, pour les mêmes années, de 69,2% à 86,7%.

Il n'y a rien pour justifier ces changements, sinon, que les jumeaux et les sièges sont de plus en plus considérés comme des états pathologiques.

Stéphanie St-Amant


From: Henny Jonkers <henny58@aol.com>
Date: Fri, 9 Jun 2000 06:29:16 EDT

Bonjour Bernadette,

Avec toutes mes excuses pour la réponse tardive, peut-être que tu as déjà accouché. Mon expérience personnelle me fait dire, tu attends tranquillement que ton bébé soit prêt à venir, pour mon 2e fils j'ai attendu 11 jours après le terme prévu, il été bien plus gros que le premier, mais quand il a décidé de venir, j'ai accouché tranquillement à la maison. Ma sage-femme me surveillait toutes les 2 jours, surtout les fluctuations du rythme cardiaque.

Dans ma pratique de sage-femme je me base surtout sur le sentiment de la femme et sur mon propre ressenti en ce qui concerne un éventuel "blocage". Un cas ou j'ai proposé un déclenchement médicamenteux : à terme + 9 jours, malgré un rythme cardiaque parfait (j'avais utilisé un monitoring avec enregistrement), chez une 2e pare une femme qui n'arrivait pas à se mettre d'accord avec son compagnon, le couple n'habitant pas ensemble, elle attendait que son ami vienne s'installer chez elle pour la période de l'accouchement, et lui ne venant pas le bébé ne venait pas non plus. Pour mettre fin à cette situation j'ai proposé la solution de l'hôpital, voyant que toute tentative de détente de cette situation échouait systématiquement.

Maintenant, ce qu'on craint devant une grossesse prolongé est l'état du bébé à l'arrivé, le "post-terme" est classiquement décrit comme un enfant qui a commencé à maigrir, du fait du vieillissement du placenta, on craint aussi l'infection et la disproportion (bébé trop gros pour le bassin) avec son cortège de risques présumés, et la mort in utero qui est statistiquement un peu plus élevée (mais qui peut arriver à n'importe quel terme).

A la naissance, car on finit par naître, on aurait la confirmation du "terme dépassé" devant un enfant qui présente une peau fripée, sèche, sans aucun vernix, parfois avec des ongles verts dus à une présence ancienne de méconium dans le liquide amniotique.

Concrètement je surveillerais de près : les mouvements actifs du bébé qui doit donner signe de vie régulièrement dans la journée, quitte à le solliciter un peu de temps en temps, les fluctuations du rythme cardiaque qu'on peut entendre à l'oreille, donc en cas de doute n'importe qui peut écouter, mais souvent je laisse un stétho en bois, la hauteur utérine qui doit pas diminuer si le bébé n'est pas franchement descendu (le périmètre ombilical mesuré au mètre de couture autour du ventre à hauteur su nombril est aussi très significatif d'une diminution de la quantité de liquide amniotique). Devant un diminution régulière on peut eventuellement chercher à l'echo s'il reste encore des plages de liquide. La quasi absence de liquide signifie une altération importante du placenta et peut être indication à un déclenchement médicamenteux.


From: "Jean-Claude Verduyckt" <carrefour.naissance@swing.be>
Date: Sat, 10 Jun 2000 07:56:45 +0200

> à terme + 9 jours,

Ha ! les mots et les concepts que ça cache sournoisement derrière !

Lorsqu'on parle de "terme de 40 sem", il s'agit d'une moyenne, autour de deux semaines. Le "terme" d'une femme va donc de 38 sem à 42 sem. A ce niveau, il est aussi normal d'accoucher "à terme" à 42 sem qu'a 38 !!

Lorsqu'on parle de "prématurité", c'est avant 38 sem. Lorsqu'on parle de "post-terme" ou de "terme dépassé", c'est après 42 sem.

> Maintenant ce qu'on craint devant une grossesse prolongé est l'état du
> bébé à l'arrivé, le "postterme" est classiquement décrit
> comme un enfant qui a
> commencé à maigrir, du fait du vieillissement du placenta, on craint aussi
> l'infection et la disproportion (bébé trop gros pour le bassin) avec son
> cortège de risques présumés, et la mort in utero qui est statistiquement
> un peu plus élevée (mais qui peut arriver à n'importe quel terme).

Il y a surtout, je pense, le fait de ne pas savoir ce qui se passe, là, à l'intérieur de cette boîte magique (quoique la plupart pensent plutot "boîte noire").

> concrètement je surveillerais de près : les mouvements actifs du bébé
> qui doit donner signe de vie régulièrement dans la journée quitte à le
> solliciter un peu de temps en temps

Je serais bien curieux de savoir ce que "un peu de temps en temps" peut signifier. De même que pour "solliciter".

> les fluctuations du rythme cardiaque qu'on peut
> entendre à l'oreille, donc en cas de doute n'importe qui peut écouter,
> mais souvent je laisse un stétho en bois

Chapeau si vous arrivez à percevoir les "fluctuations" du rythme cardiaque à l'oreille !

> la hauteur utérine qui doit pas
> diminuer si le bébé n'est pas franchement descendu (le périmètre ombilical
> mesuré au mètre de couture autour du ventre à hauteur su nombril est aussi
> très significatif d'une diminution de la quantité de liquide amniotique)

Soyez certaine que je suis moi-même assez mal à l'aise de mettre autant de chose en doute dans ce que vous écrivez ! Je n'ai jamais rien compris à ces mesures de "hauteur utérine" et de "périmètre ombilical". A vrai dire, ce qui me donne de l'urticaire, ce sont les chiffres : le poids, la taille, l'heure, le volume... Pour ma part, et c'est loin d'être scientifique, je pratique la palpation abdominale (pendant ou non un massage). Avec l'expérience, j'arrive à très bien déterminer un "bébé qui flotte" d'un bébé qui commence a "être sec".

> devant une diminution régulière on peut éventuellement chercher à l'écho s'il
> reste encore des plages de liquide. La quasi absence de liquide signifie une
> altération importante du placenta et peut être indication à un déclenchement
> médicamenteux.

L' ***estimation*** à l'écho dépendra essentiellement de la sensibilité du médecin, de ses propres angoisses devant l'inconnu, et de ses propres expériences de naissance... Autrement dit, cette estimation n'est pas plus scientifique que mon palper. Mes expériences m'enseignent que présenter une femme dont la gestation dépasse les normes établies arbitrairement dans la région où l'on se trouve, entraîne immanquablement une énorme pression pour un déclenchement. (Mais vous avez peut-etre raison aussi : cette pression et les menaces sous-jacentes peuvent "déclencher" quelque chose chez la femme -- pour autant que la raison du prolongement de la grossesse soit en grande partie un bloquage psychologique, ce qui n'est pas certain!)


From: "Bernadette" <bernadett@cedep.net>
Date: Sat, 10 Jun 2000 11:47:19 -0400
Reply-To: naissance@egroups.com
Subject: [Naissance] nouvelles

Un petit mot pour vous donner des nouvelles.

Bébé est toujours au chaud et toujours aussi en forme. Il traverse sa "mer" tous les 2 jours de sorte qu'un matin le dos est à droite et 2 jours plus tard le dos est à gauche. Il suit le courant chaud de mes caresses et le soir il me fait une longue déclaration d'amour en se tortillant dans tous les sens.

Notre relation a beaucoup évolué. Je n'avais jamais eu d'intuition quant à son sexe. Et voilà, qu'à force de discuter ensemble, j'ai soudain eu l'impression que c'était un garçon. Rien à voir avec la forme abdominale, sa force ou sa paresse (!). Plutot une question d'énergie.

Comme Jean-Claude, j'ai horreur des chiffres. Ne me demandez pas où je suis rendue dans mes dates. Je suis où je suis. Le bébé va bien et moi aussi. Je vais au cinéma, m'amuse avec ma fille et profite du bon temps avec mon copain.

Peut-être vais-je continuer comme ça une semaine, peut-être que demain, je sentirai une pression énorme de me faire induire. tout est possible et tout est correct. Si je suis inquiète, même sans raison, il se peut que je me retrouve à l'hôpital. Je sais que ce sera très très difficile à vivre. Un sentiment d'incompétence, comme une femme qui ne pense pouvoir allaiter, m'envahit déjà. Parce que j'ai l'air cool comme ça, mais je vous jure qu'en dedans ça brasse.

J'ai lâché toutes les interventions "naturelles" pour me déclencher. Je me suis rendue jusqu'à l'huile de ricin. Je vous passe les commentaires...

Je continue à écouter le coeur avec le "Doppler" pluisieurs fois par jours. Les contractions se font rares. Masi tout le reste est près.

Ce bébé est très désiré. J'ai une vie très agréable et j'ai très hâte qu'il la vive avec nous. Peut-être veut-il que je me réconcillie avec les hôpitaux? Je me suis bien préparée à un tranfert d'urgence à l'hôpital, mais pas de m'y rendre sans être sûre à 100% que c'était la meilleur chose.

Comme vous voyez, je me contredis et me justifie et m'emmêle sans gêne.

Voilà une contraction, est-elle la bonne?

Bernadette


From: "Farida" <FSFA@wanadoo.fr>
Date: Sat, 10 Jun 2000 23:53:36 +0200

Chère Bernadette, j'espère que c'était la bonne contraction... Je n'ai pas pu te répondre plus tôt parce que wanadoo a fait des siennes et que je n'ai pas eu accès à la messagerie pendant quelques jours...

Tu te contredis et tu te justifies et tu as bien raison de n'en éprouver aucune gêne... C'est vrai que ces bébés qui "dépassent la date" ont toujours des choses à nous dire, mais quoi? et si je me trompais? et comment savoir?

La notion de temps a énormément changé ces dernières années... Réalise que "leur" pratique c'est de déclencher à 39 semaines... ce qui fait que compte tenu des erreurs de terme parfaitement compréhensibles, pas mal de bébés sont forcés à naître à 37 semaines... Beaucoup de collègues hospitalières me disent qu'elles ne voient pratiquement plus de bébés a terme... Tous couverts de vernix, tous déclenchés... C'est sur que ça risque de devenir la norme... D'ailleurs les femmes y sont preparées très tôt: dès l'échographie du 3ème trimestre (32 semaines!!!) les sourcils se froncent: "Hum... Attendez-vous à accoucher plus tôt, il est déjà bien gros..." Traduisez "trop" gros... et les mauvais rêves commencent, et la peur de l'enfant trop gros, et la proposition qui soulage: "C'est bien mûr, on peut déclencher, ça va marcher", mais oui docteur, merci docteur...

Ce qui fait qu'une forte proportion de femmes sont impatientes 15 jours avant la date: "Il m'avait dit que j'accoucherais plus tôt... Je suis donc en retard..." Tu imagines quand on atteint la date... Dans la tête de la plupart, on est déjà en dépassement de terme... Et les coups de fils de la mère de la dame, de la belle mère etc...

Alors quand toi, sage-femme, tu dis sereinement que la date, on n'en est jamais sûre, que seul le bébé la connaît, que 10 jours avant, 10 jours après, c'est la date... On te croit pour le avant, mais tu passes pour une dingue dangereuse pour le après...

C'est pourtant toujours comme ça que j'ai raisonné, 10 jours après, on ne se posait même pas de questions, et je commençais la surveillance plus ciblée à partir du 11ème jour après la date prévue, il y a 20 ans, et encore maintenant: monitoring toutes les 48h, échographie appréciant la maturité placentaire, la progression du diamètre bipariétal de l'enfant, de son diamètre abdominal (s'il continue de grossir, c'est qu'il n'est pas a terme...) la quantité de liquide amniotique, la vitalité, et nous avions encore un autre examen dont je n'entends plus du tout parler: la recherche au frottis vaginal des cellules naviculaires de grossesse: quand on ne trouvait plus que des cellules basales, on savait qu'il fallait intervenir.

Ce qui a changé, c'est qu'il y avait à l'époque un consensus, on était assez d'accord sur la conduite à tenir, et un échographiste n'avait pas peur de s'engager sur un diagnostic: "Non, non, ça va, le placenta a encore au moins 3 jours..." Je ne sais pas s'ils sont moins compétents ou si c'est le médico-légal: plus un seul pour se prononcer clairement.

Ce qui fait que j'ai vu plusieurs enfants naître après la date, et même si c'est vraiment la guerre des nerfs maintenant, je pense que la proportion est la même et le résultat aussi : éliminés les cas d'erreur de datation évidents, j'ai vu des bébés naître 14 jours après la date et... couverts de vernix (ce qui laissait supposer qu'il n'était pas encore a terme...) Les 2 seuls bébés qui sont nés avec un aspect visiblement post-mature sont nés... 15 jours avant la date, je te jure que je ne te raconte pas d'histoires: tous maigres, fripés, regards vigils...

Ce que l'on redoute le plus, c'est qu'ils soient tellement fatigués d'avoir dû vivre sur leurs réserves les derniers jours, qu'ils ne supportent pas la force, la violence des contractions de l'accouchement, dans ces cas là ils montrent leur souffrance dès les premières contractions, et souvent la césarienne s'impose.

Romain, le premier né post-mature... 15 jours avant la date, allait très bien, il était long et maigre, il a bien supporté l'accouchement qui a pourtant été laborieux: la maman n'avait pas trop envie d'accoucher; son mari était sur un cargo bloqué à l'autre bout du monde pour avaries... Le bébé a bien su se déclencher, en dépit de la volonté de sa mère, car il était en danger. Il a très vite récupéré, en se jetant sur le sein comme un perdu, et il a pris 1,5kg/mois les 3 premiers mois; véridique!!!

Le 2ème, Jules, c'est encore une autre histoire: sa mère avait bien senti qu'elle était a terme... à 37 semaines. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas accoucher à domicile si le bébé n'avait pas 38 semaines... Alors elle s'est probablement "bloquée" mentalement.

Jules, tout fripé tout maigre, est sorti comme un bouchon de champagne, et il m'a fallu 5 heures de massages pour qu'il arrive à maintenir une température supérieure à 36... Ceci mis à part, il allait et il va toujours très bien.

Alors, tu vois, les histoires de terme ou pas terme...

Ma dernière histoire date du mois dernier, la maman attendait son 4ème enfant, pas prévu au programme mais accepté. Les 2 derniers étaient nés a la maison, l'avant dernière, une fille, avec 9 jours de "retard".

A voir comment réagissait la maman pendant la grossesse, j'étais quasiment sûre qu'elle attendait une autre petite fille (les hormones ne sont pas les mêmes sans doute...) et je n'ai pas été étonnée de voir qu'elle atteignait la date, puis qu'elle la dépassait.

Par contre, sidérée d'apprendre qu'elle était partie à l'hôpital, d'où elle me téléphone en pleurant: elle ne sait pas pourquoi elle a fait ça, ils veulent la déclencher, elle ne veut pas, elle demande que je la rappelle... Je ne la rappelle pas, j'avais pleinement confiance en son instinct: elle rappelle l'après midi, de chez elle: elle etait sortie contre avis médical et reprenait son attente à la maison.

Je lui dis que je pense qu'il faut qu'on parle, bien sûr elle n'a pas le temps de se déplacer, les autres enfants, la maison, etc., n'importe quoi. J'insiste lourdement: je l'aime beaucoup, je sentais que ça cachait un gros truc cette attitude chez elle. Elle finit par accepter, et me raconte que le père de son mari est mort alors que sa mère attendait son 4ème enfant (lui même avait alors 3 ans) et qu'il avait bien été convenu entre eux que jamais de 4ème...

Quand ce bébé s'est annoncé et que la maman s'est prononcée clairement contre l'avortement, son mari a annoncé qu'il allait se pendre, crise terrible dans ce couple qui s'aime, remise en question totale... Et elle vivait avec ça depuis le début de sa grossesse, n'en ayant parlé à personne, elle est elle-même thérapeute et donne constamment une image de sérénité, d'équilibre que rien ne semble pouvoir ébranler...

Une petite fille est née le surlendemain, avec un cordon autour du cou tellement serré qu'on n'a pas pu le couper et qu'elle est sortie "pendue" a son cordon... comme par hasard. Je te rassure tout de suite, elle a récupéré immédiatement et elle va très bien. Elle est même assez sereine, avec un petit regard rigolard... Elle a réussi à ce que ses parents dépassent leurs peurs viscérales, leur peur de la mort... Ils ont bien compris le message et ne sont pas encore descendus de leur nuage de bonheur...

Toutes ces histoires, chère Bernadette, pour te dire que tes hésitations, tes semble-t-il contradictions sont largement partagées, continue de t'emmêler sans gêne, peut-être des mots n'ont-ils pas encore été prononcés, soit de ta part, soit de la part du papa, et que votre bébé attend simplement que vous alliez là où vous n'êtes jamais allés, les yeux ouverts... C'est quoi, une vie très agréable???? C'est quoi un bébé très désiré???

Je t'embrasse, et... Nous sommes nombreux, semble-t-il, à l'attendre ce petit. Maintenant, n'oublie pas de donner des nouvelles!!!!

Farida


Montréal, 12 juin 2000

Nous nous sommes réveillés en disant: "Aujourd'hui c'est le grand jour". Il faisait soleil et mon rosier était en fleurs; c'était de bon augure. Mais surtout, je sentais que mon corps était prêt. 43 semaines de gestation me paraissaient suffisantes pour créer une merveille. J'avais tout essayé comme méthodes naturelles pour aider à la maturation des processus physiologiques. Rien n'y fit. Depuis 4 jours, je laissais mon corps tranquille et lui donnais une chance.

Ma grossesse me pesait pour la première fois. Les jambes engourdies, les brûlures d'estomac, les 15 kg de plus, j'en avais assez. De plus, je n'avais plus la tête à rien d'autre qu'attendre. Ne voulant pas subir aucune pression, ni pour une induction, ni pour un laisser aller complet, je ne répondais plus au téléphone, ne sortais plus, je me sentais complètement immobilisée par cette attente. Cela avait assez duré, je voulais voir mon bébé.

Gérald proposa qu'il fallait rester pour la journée dans le rituel, dans le sacré. Il faut dire qu'on avait pensé peut-être, si c'était possible, sans trop insister, trouver un médecin qui voudrait bien nous faire une échographie. J'ai fait un appel. Le mec partait en vacances le lendemain. Je n'insiste pas, raccroche et oublie tout de suite cette idée. Cela m'a quand même donné quelques contractions, une petite peur qu'il dise oui réveilla mon utérus. Gérald alla porter Céleste à la garderie et au retour on se mit à l'action. D'abord, le discours. On parlait comme si demain le bébé serait là. Et puis on fit l'amour en récitant "Soleil et chair" de Rimbaud. Chacun ses fantasmes.

Des contractions, subtiles mais bien là, revenaient nous donner espoir assez souvent. Pour les soutenir dans leur effort, je me dis qu'il fallait prendre une grande marche. On alla en haut de Mont-Royal, jusqu'à la croix. Il faut dire que cette marche nous l'avons faite souvent au début de notre relation. Il faut d'abord traverser un grand cimetière. Cela peut paraître lugubre, mais c'est un super bel endroit. Il n'y a pas d'endroit plus sacré dans une ville que son cimetière. Quand nous vivions en Europe, nous avions l'habitude de visiter les cimetières pour retrouver le calme lors d'une visite d'une grande ville.

Nous étions donc en plein rituel. Après le cimetière, on continue de monter la montagne. Les contractions deviennent plus régulières aux 5 minutes mais pas vraiment douloureuses. Dès que j'en avais une, j'accélérais le pas pour l'encourager. J'ai toujours vu les contractions comme une force de la nature, au même titre que le vent ou les marées. D'être ainsi en pleine nature, avec une force naturelle dans le ventre me donnait l'impression d'être en communion.

C'est seulement quand nous sommes arrivés à la croix, tout en haut, que j'ai la conviction que le travail est bel et bien commencé et qu'il n'est plus possible de reculer.

Il est 4 heures et nous nageons en plein bonheur. Après une semaine à douter de ma capacité d'enfanter, un sentiment de puissance, de victoire nous envahit. Je suis capable. Mon corps sait, il a juste besoin d'un peu plus de temps. On redescend la montagne avec des contractions aux 3 à 5 minutes qui étaient ma foi pas mal vigoureuses... Arrivée à la maison, je m'installe dans le bain et le calme revient. Je peux finalement me laisser aller dans mes contractions.

Pendant ce temps, Gérald téléphone à ma sage-femme et à une amie et il court chercher Céleste à la garderie. Quand ma fille arrive dans la maison, elle me rejoint dans le bain. Elle comprend tout de suite ce qui nous attend. L'atmosphère est détendue et gaie.

Quand je sors du bain, les contractions sont vraiment intenses. ä partir de ce moment-là, tout va tellement vite que j'ai pas le temps d'intégrer. Chaque étape passe vite le relais à une autre. Je cherche un coin douillet, je vais dans le salon et puis je vais m'amarrer dans mon lit. Ma fille est très présente. Elle me fait des massages, me donne des débarbouillettes fraîches et m'encourage. Du haut de ses 2 ans 4 mois, elle réalise le sacré de ce moment. Je dois dire à mon copain de rester près de moi parce qu'il a tendance à courir à droite et à gauche. Ma sage-femme, fidèle à elle-même, est assise dans un coin de la chambre et dégage une paix intérieure qui n'a pas besoin de paroles. Une amie prend des photos et accompagne ma fille dans ses émotions.

Puis je ressens une envie de pousser. Je suis tellement surprise de la rapidité que je ne sais plus quoi faire. Je quitte mon corps pour réfléchir. Je tente de m'assoir sur un petit banc comme je l'avais souhaité pour accueillir le bébé. Mais je sens que je nuis aux contractions. Comment me placer? Dois-je pousser? Je demande à ma sage-femme quoi faire. Elle me répond d'écouter mon corps et il me le dira.

Pendant quelques contractions je me cherche puis finis par m'installer sur le lit un peu n'importe comment. Les membranes éclatent et le liquide est très clair. Je réponds à mon besoin de pousser par un cri profond venant de mon ventre et mes pieds poussent les épaules de je ne sais qui. Je sens que c'est un gros bébé. Justement parce qu'il est gros, son poids fait le travail pour moi. Après quelques poussées bien volontaires parce qu'elles me soulageaient, la tête sort. Je suis surprise de la facilité pour la faire sortir. Le corps suit à la contraction suivante. Je constaterai plus tard que mon périnée est intact.

Dès sa sortie, je m'exclame: "Je savais que c'était un petit garçon!" Et tout le monde dit: "C'est un petit gars". C'est seulement quelques minutes plus tard que l'on voit que c'est une petite fille. On rit de cette erreur. Elle est rosée et n'a pas aucune sécrétion. Céleste pleure parce que le bébé pleure. On la rassure en lui disant que c'est fini et que le bébé est en pleine forme. Elle est heureuse comme nous tous.

Le bébé est collé contre mon corps, mon copain et ma fille sont tout près. Nous sommes dans notre bulle intime. Il est 19h30 et l'aventure aura duré à peine trois heures et demie. Elle présente tous les signes d'un grossesse de 43 semaines. Par contre, elle semble bien avoir apprécié ce petit temps supplémentaire: elle pèse 4350g! Céleste s'est endormie avec Océane dans ses bras. Elles sont seules dans la chambre et l'attachement est déjà très fort. C'est sa petite soeur et elle en est très fière. Les parents sont émerveillés! Nous sommes heureux de nous avoir fait confiance et d'avoir laissé le temps accomplir son oeuvre. Merci la vie.

Bernadette


Les "docs" de la liste, absents au moment du débat, ont répondu... après terme ;-)


From: "Thierry RICHARD" <waterbirth@caramail.com>
Date: Thu, 15 Jun 2000 13:55:42 GMT

Salut, excusez le retard à la réponse, je suis en plein boom car j'ouvre un centre de naissance aquatique à Amsterdam et donc...

Pour répondre naturellement à votre question: en fait il n'y en a pas. Le bébé vient à son choix, ne vous inquiétez pas et laissez faire... naturellement. Ceci dit, toute préparation acuponcturale, phytothérapique, etc. ne peut pas nuire...

A bientôt, le Doc


From: "Patrick Stora" <patrick.stora@worldonline.fr>
Date: Fri, 16 Jun 2000 09:58:10 +0200

Pour la réponse à la question sur le dépassement de terme, le nombre de réponses des co-listiers doivent suffire amplement. Je ne rajouterai que ceci: il m'est déjà arrivé d'attendre 3 semaines avec un couple motivé, et outre les classiques -- baisse des mouvements actifs, monito, etc.. -- la quantité de liquide amniotique baissant même subjectivement à l'écho, est un bon signe de véritable dépassement de terme.


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