Présentation en siège et accouchement à domicile : ressources documentaires

L'étude de Wiegers et al. (Outcome of planned home and planned hospital births in low risk pregnancies: prospective study in midwifery practices in the Netherlands, British Medical Journal, 1996), portant sur 1836 accouchements assistés par des sages-femmes pour des grossesses à faible risque, aux Pays-Bas, montre que les résultats des accouchements planifiés à domicile sont au moins aussi bons que ceux des accouchements planifiés à l'hôpital, pour des parturientes primipares. En ce qui concerne les multipares, les résultats périnataux (complications et morbidité) sont nettement meilleurs pour des naissances planifiées à domicile, que l'on tienne compte ou non des variables d'environnement (voir le tableau 1 et des extraits traduits en français).

Dans cette étude, la proportion de présentations non-céphaliques a été de 1,9 à 3,2% pour les naissances à domicile, ce qui est du même ordre de grandeur que la moyenne des sièges diagnostiqués dans les naissances à terme (3 à 4% selon l'étude Hannah, voir ci-dessous). Le siège n'a donc pas été traité dans l'étude Wiegers comme une complication qui aurait écarté la parturiente du groupe à « faible risque ».

L'étude de Hannah et al. (The Lancet, 2000) porte sur les risques comparés, en milieu hospitalier, de l'accouchement par voie basse et par césarienne programmée, pour 2083 naissances à terme en siège diagnostiqué, dans 121 hôpitaux de 26 pays. Les taux de mortalité infantile périnatale/néonatale ont été de 1,3% pour les naissances par voie basse et 0,3% pour les césariennes programmées (tableau 5). Les taux de mortalité ou de morbidité grave pour la mère ont été de 3,2% par voie basse contre 3,9% par césarienne (tableau 7). L'étude ne couvre aucun accouchement à domicile. Les pratiques obstétricales pour les naissances par voie basse sont très interventionistes en comparaison avec celles des sages-femmes accompagnant des naissances en siège à domicile (tableaux 2 et 3) : 12,7% d'anesthésies générales, 46,3% d'anesthésies ou analgésies péridurales ou spinales, 14,9% de déclenchements, 49,8% d'accélérations du travail, 22% d'extractions instrumentales.

Aucune étude statistique sur les accouchements à domicile ne permet d'étayer l'affirmation de certaines sages-femmes françaises selon laquelle une présentation en siège serait une contre-indication absolue pour un accouchement à domicile. Un compte-rendu détaillé de 23 études statistiques sur l'accouchement à domicile, extrait de l'ouvrage Obstetrical Myths versus Research Realities (Goer 1995), est disponible en version française (suivre ce lien).

Les sages-femmes qui pratiquent des accouchements en siège à domicile préconisent un dépistage prélable méticuleux des problèmes placentaires, de procidence du cordon et de défauts éventuels du bassin. Elles n'hésitent pas à transférer la mère à l'hôpital en cas de progression trop lente ou de douleur intense pendant la première phase du travail, sachant que ce transfert aboutit aujourd'hui à une césarienne dans la majorité des cas.

A l'appui de ces affirmations, des extraits d'archive de la liste de discussion UK Midwives and Consumers décrivant les pratiques des sages-femmes britanniques en matière de naissance en siège peuvent être consultés sur <http://www.radmid.demon.co.uk/breech.htm>.

Auteur de dix ouvrages publiés en 20 langues, le Dr. Michel Odent s'est intéressé à la physiologie de l'accouchement en siège. Le protocole qu'il préconise pour la naissance par voie basse est très éloigné de celui des hôpitaux couverts par l'étude Hannah (voir statistiques ci-dessus), mais proche de celui des sages-femmes accompagnant des sièges à domicile :

Dans certaines situations il est particulièrement impératif de s'écarter le moins possible du modèle physiologique. C'est le cas des accouchements par le siège. Un accouchement par le siège n'est pas dangereux lorsque la phase de dilatation a été facile et suivie d'un puissant réflexe d'éjection. Cependant, tout en ayant l'expérience d'environ 300 sièges par voie vaginale, je comprends l'attitude des obstétriciens qui programment une césarienne. Il faut prendre en considération l'incompréhension habituelle et quasi collective de la physiologie de l'accouchement. Un accouchement par le siège est dangereux en présence d'une personne qui a peur (médecin, sage-femme, père, etc.). Un accouchement par le siège est dangereux quand des efforts volontaires sont nécessaires.

Ces considérations aboutissent à la conclusion que le rôle de la sage-femme est d'abord de protéger un environnement favorable à l'expression du réflexe d'éjection. L'important est de garder à l'esprit les besoins fondamentaux de la femme qui accouche et de savoir concilier le besoin d'intimité et le besoin de se sentir en sécurité.

(Odent, M., Le réflexe d'éjection du foetus, Les Dossiers de l'Obstétrique, 295, juin 2001, p.36. Texte original : Odent, M., The Second Stage as a Disruption of the Fetus Ejection Reflex, Midwifery Today, 55, Autumn 2000, p.12.)

L'étude réalisée en 1991 pour l'OMS par le même auteur, Naissance à domicile programmée dans les pays industrialisés, démontre à la fois la difficulté et le peu de pertinence des comparaisons statistiques entre l'accouchement à domicile et l'accouchement en structure hospitalière.


Références

Wiegers, T.A., Keirse, M.J.N.C, van der Zee, J., Berghs, G.A.H. (1996). Outcome of planned home and planned hospital births in low risk pregnancies: prospective study in midwifery practices in the Netherlands. (Résultats comparés de naissances planifiées à domicile et à l'hôpital pour des grossesses à risque faible : étude prospective des pratiques des sages-femmes aux Pays-Bas.) British Medical Journal, 313: 1309-1313.

Hannah, Mary E., Hannah, Walter J., Hewson, Sheila A., Hodnett, Ellen D., Saigal, Saroj, Willan, Andrew R. (2000). Planned caesarean section versus planned vaginal birth for breech presentation at term: a randomised multicentre trial. (Césarienne programmée versus accouchement programmé par voie basse pour les présentations en siège à terme : étude randomisée multisites.) The Lancet, 356: 1375-1382.

Goer, H. (1995). L'accouchement à domicile -- mythes et réalités. Traduction de Home Birth in Obstetrical Myths versus Research Realities, a Guide to the Medical Literature. Westport: Bergin & Garvey: 331-347.

Odent, M. (2001). Le réflexe d'éjection du foetus. Les Dossiers de l'Obstétrique, 295, juin : 36.

Odent, M. (2000). The Second Stage as a Disruption of the Fetus Ejection Reflex. Midwifery Today, 55, Autumn: 12.Odent, M. (1991). Naissance à domicile programmée dans les pays industrialisés. Rapport OMS, Bureau Régional de l'Europe, EUR/ICP/MCH 126.


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