Les situations de poussée : l'hôpital versus la maison

Gloria Lemay <http://www.glorialemay.com>

Assistante de naissance à titre privé à Vancouver, Colombie-Britannique.


Caroline , CNM (infirmière sage-femme) :

Mon collègue médecin m'a appelée en tant que consultante pour une de ses patientes la semaine dernière. Une primipare à 40 semaines plus 3 jours, travail spontané, admise à 5 cm de dilatation, rupture spontanée des membranes vers 8 h pm, avec un mal de dos intense résolu après des injections d'eau stérile. Vers 11 h pm, elle est complète et désire pousser. Lorsqu'il m'appela vers 2h30 am, elle avait poussé la plupart du temps depuis la dilatation complète et occasionnellement, il semblait que le bébé voulait descendre, puis plus rien. Ils l'ont fait pousser dans toutes les positions. Je suis entrée et ai travaillé avec elle durant de longs moments. Le bébé allait bien tout ce temps et la mère voulait continuer d'essayer. Vers 4h00 am, nous avons commencé à voir des signes de stress fotal (tachycardie à 170) et la mère devenait de plus en plus épuisée. Le bébé ne semblait pas si gros que ça, mais était en postérieur et asynclitique. Nous sommes allés en salle d'opération, où le bébé est né vers 5h00 am avec un moulage crânien majeur, position postérieure asynclitique et j'ai entendu le chirurgien grogner d'efforts comme elle et le généraliste tiraient sur les épaules - un bébé garçon de 4,110 grammes, (9 livres 6 onces). Nous avons essayé tous les trucs que nous connaissions pour faire tourner ce bébé et le faire sortir et rien n'a fonctionné.

La réponse d'une sage-femme à domicile

Nous avons eu la naissance à domicile d'un bébé garçon de 4,876 grammes (10 livres 7 onces) né d'une maman primipare. La situation vécue ce matin-là ressemble beaucoup à la vôtre. La maman avait 42 semaines plus 4 jours. Forte et bien charpentée. Elle avait les membranes rompues spontanément depuis 4 jours sans travail. Sa température et le coeur foetal étaient normaux. Aucun examen n'a été fait. Elle s'est plainte de douleurs au dos continuellement. Elle était complètement dilatée et la tête du bébé était à + 1 et vers 8h00 am, après une première phase de 12 heures. Puis elle fit une sieste et les contractions s'espacèrent immédiatement. Elle s'installa sur ls toilettes pour un moment, alla dans la piscine pour un moment, et recommença le cycle encore et encore - sieste, toilette, piscine et allongée sur le côté dans son lit. La poussée de "Mickey mouse" n'aida pas la progression mais nous ne la découragions pas, ni ne suggérions rien de très violent.

À 2h00 pm, nous l'aidons à se lever et la voyons s'accroupir et faire des bruits. ä quatre pattes, elle poussa un gros bébé garçon, dans les mains de son mari, avec seulement une déchirure du premier degré. Les épaules sortirent en un souffle. L'assistant de la naissance, m'utilisant en tant que consultante dans ce cas, m'avait téléphoné plus tôt et nous nous étions relayées auprès d'elle la nuit durant, donc une pouvait se reposer et l'autre assurer une présence pour la maman. L'autre gros avantage que nous avions était d'être hors de l'hôpital, nous laissant plus d'espace pour être créatives et attendre sans la pression de la "science" et des protocoles se dessiner dans l'esprit de chacun. La salle de bain, particulièrement la toilette de notre propre domicile, est un bon endroit pour laisser aller et nous étions capables de la "nourrir" avec le contenu de son propre réfrigérateur pour l'aider à conserver son énergie.

Dans notre province, le bureau gouvernemental d'accréditation exige des sages-femmes qu'elles accomplissent un certain nombre d'accouchements à l'hôpital pour conserver leur droit de pratique. Dans cet environnement, j'ai tellement eu de difficiles moments, en particulier avec les mères qui accouchaient pour la première fois. Lorsque je me remémore ces années d'accompagnement de travail dans les hôpitaux, je me souviens avoir eu des expériences horribles avec les primipares. Elles étaient presque toujours bloquées. Nous avions demandé un jour au Docteur Michel Odent s'il était correct d'accoucher d'un premier bébé à la maison. Il avait répliqué : " C'est l'accouchement le plus important à avoir à la maison, parce que si une femme a une expérience merveilleuse, sexuelle, pour son premier accouchement, peut-être que par la suite elle ira à l'hôpital pour son deuxième ou troisième enfant. Elle ne les laissera jamais lui faire quoi que ce soit parce qu'elle sait que son corps fonctionne bien, de par cette première naissance." Par la suite, nous avons le docteur Michael Rosenthal qui dit que "la première intervention dans l'accouchement naturel est celle que la femme commet elle-même en franchissant la porte de sa maison. C'est de cette intervention de laquelle les autres découlent."

Traduction : Marypascal Beauregard