Mères épileptiques et malformations congénitales

Associated Press, April 11, 2001.

19 avril 2001 - Les médecins savaient déjà que les antiépileptiques (appelés aussi anticonvulsivants) prescrits aux femmes épileptiques pendant leur grossesse étaient susceptibles d'entraîner des malformations congénitales ; mais, croyait-on, la maladie elle-même était responsable de ces problèmes pour une bonne part. Or un article du New England Journal of Medecine affirme que les antiépileptiques seraient les seuls en cause, puisque les femmes épileptiques qui ne prennent pas de médication n'ont pas plus de risque que la population normale de donner naissance à un enfant atteint de malformation.

Le Dr. Louis Holmes et ses collègues ont étudié 316 bébés qui avaient été exposés aux anticonvulsivants alors qu'ils étaient encore dans l'utérus, ainsi que 98 femmes épileptiques qui avaient cessé la médication durant leur grossesse. Chez les 223 bébés dont la mère avait pris un de ces médicaments, 4% sont nés avec des malformations majeures ; chez les 93 bébés dont la mère avait pris deux de ces médicaments ou plus, 8,6% sont nés handicapés. Par contre, aucune des mères ayant cessé leur médication durant la grossesse n'a donné naissance à un bébé avec malformation (dans le groupe contrôle de 508 grossesses « normales », 1,8% des bébés sont nés handicapés).

Cette étude révèle notamment que le fait de prendre deux médicaments simultanément pendant la grossesse compromet davantage la santé du foetus. Or la famille des anticonvulsivants comprend plusieurs produits, mais aucun n'arrive à soigner complètement le mal, ce qui incite les médecins à prescrire plus d'un produit à celles qui souffrent d'une forme sévère de la maladie. Par ailleurs, les médecins ont longtemps considéré le phénobarbital comme le moins nuisible d'entre eux, proposant souvent à leurs patientes d'opter pour celui-ci lorsqu'elles devenaient enceintes. « C'est une mauvaise pratique », affirme le Dr Martha Morrel, chef du centre de l'épilepsie à la Columbia University Medical School. Elle croit que le fait de passer d'un médicament à un autre durant la grossesse serait aussi dommageable que de prendre deux médicaments. La recherche du Dr Holmes a d'ailleurs démontré que le phénobarbital était aussi nocif que les autres en ce qui a trait aux malformations congénitales.

En réaction à l'article, des experts continuent d'affirmer que l'épilepsie elle-même peut être responsable d'une partie des malformations congénitales. Ils ont aussi mentionné que les femmes qui ne prennent pas d'antiépileptiques pendant leur grossesse sont souvent moins gravement atteintes que celles qui en prennent. Finalement, on a rappelé que, pour les femmes souffrant de crises épileptiques, le fait de cesser abruptement la médication au début d'une grossesse présentait un danger réel.


Holmes LB, Harvey EA, Coull BA, Huntington KB, Khoshbin S, Hayes AM, Ryan LM. The teratogenicity of anticonvulsant drugs. New England Journal of Medicine. 2001 Apr 12;344(15):1132-8.

Traduit de l'anglais par Marypascal Beauregard


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