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Dopage : Pourquoi seulement un problème de sport ?

Doper : de l'anglais to dope, droguer
Utilisation d'une substance qui a pour effet d'augmenter les performances physiques d'un individu

Dans les définitions légales françaises (en fin de texte) apparaît le lien entre la modification artificielle des capacités physiques et les risques encourus pour la santé. La notion de « tricherie » reste cachée en filigrane.

On parle de dopage dans le domaine du sport de compétition. La liste des médicaments prohibés est longue et comprend en particulier les morphiniques, les hormones de synthèse et les produits anesthésiques (voir <http://www.santesport.gouv.fr/contenu/dopage>).

Cependant, s'inquiéter de la dérive possible de nos sportifs préférés au sujet du dopage est aussi une bonne façon de jeter le voile sur nos pratiques quotidiennes.

Loin du sport de haut niveau, chacun se place, volontairement ou non, dans des conditions de compétition tout au long de sa vie. Afin de rester à la hauteur, voir de se dépasser, de nombreuses substances sont utilisées, du café aux anxiolytiques, en passant par les cocktails de vitamines dont la composition reste souvent ambigüe. Pas plus que la loyauté sportive dans les définitions officielles, le sens des valeurs personnelles n'est à envisager ; seule la santé paraît un critère suffisamment important pour nous amener à réfléchir.

Les risques peuvent paraître faibles, l'aspect exceptionnel peut faire partie de l'argumentation. Il ne faudrait cependant pas sous-estimer la dépendance psychologique associée à ce manque de confiance en nos ressources naturelles, ni les conséquences d'une perturbation de l'équilibre fragile de « bonne santé ».

Le dopage concerne le sport de compétition, en raison des enjeux, et la lutte contre le dopage vise à veiller à la santé des athlètes. Mais qui s'inquiète de la santé de quidams vivant en accéléré la réalité quotidienne ?

Il existe, en France, des pratiques « normales » qui relèvent d'un processus de dopage. Considérant que le dopage vise à améliorer les performances à l'aide de substances médicamenteuses en stimulant le métabolisme et en atténuant les conséquences douloureuses, il en est un qui s'adresse en premier à des personnes en parfaite santé et ne courant aucun risque. Il s'agit de « l'aide » à l'enfantement...

On parle souvent du travail de l'accouchement comme d'un véritable marathon, particulièrement éprouvant, long et périlleux.

Il était donc logique de penser à utiliser des drogues pour se dispenser de cette épreuve. L'inscription est gratuite, jouissive même parfois. L'arrivée est magnifique et glorieuse... Mais l'épreuve en elle-même ne devrait pas être vécue... Après bien des recherches, l'analgésie péridurale a remporté tous les suffrages au point d'être un critère de choix pour le lieu d'accouchement. Les femmes ficelées sur des tables donnent naissance débranchées de leur corps et sous l'influence d'hormones exogènes. Un jour, verra-t-on de la même façon des athlètes signer des autographes au départ et à l'arrivée d'une course « par procuration » managée avec des drogues injectées au vu du monitorage cardiaque ?

Le dopage dès la naissance ? Les parents sont tout aussi mal informés que les sportifs sur les effets secondaires des drogues facilitantes. Pire ! le foetus avant même de naître, sans que son avis soit sollicité, reçoit à travers sa mère les drogues dont on voudrait le préserver plus tard. La littérature médicale est riche d'informations sur les risques d'addiction liées à la consommation de drogue in-utéro...

Dans cette forme de dopage constitué par la péridurale, l'accent est mis en premier sur la facilitation du travail par la minimisation de la souffrance.

Afin de bien cerner cet objectif, les anesthésistes disposent de nombreuses drogues pour potentialiser l'action de l'anesthésique local (morphinomimétiques, agonistes alpha2 adrénergiques, adrénaline). Si la « cliente » se trouve un peu vaseuse, il n'hésitera pas à l'injection d'un peu d'Ephedrine...

Il faut ensuite diriger l'activité musculaire faiblissante sous l'effet de l'analgésie. De cet état, découle l'utilisation importante d'une hormone de synthèse : l'ocytocine. Naturellement secrétée de façon pulsatile par la post hypophyse, elle est dosée par perfusion et injectée au rythme qu'impose la compétition. Il est à noter que les règles de cette compétition là sont très variables en fonction de l'encombrement des services et des impératifs du personnel...

Les conséquences sur la santé concernent l'enfant et sa mère.

Les risques d'addiction aux drogues sont bien documentés. Il faut ajouter tous ceux que nous ignorons encore : Le docteur M.Odent souligne que, pour la première fois dans le règne animal, la naissance se fait sous l'emprise de substances exogènes à l'homme. La médecine nous a hélas habitués à ces risques qui font toujours rechercher les multiples responsabilités « après » !

Il y a aussi pour la femme un risque certain en post-partum, en corrélation directe avec l'injection d'hormones de synthèse diminuant, voire bloquant, la production spontanée. Ainsi, les hémorragies se multiplient quand la prise en charge sécuritaire voudrait qu'elles diminuent. Elles sont rarement mortelles et donc largement sous-évaluées.

Les sportifs de haut niveau ont souvent de bonnes raisons financières pour risquer leur santé. La lutte contre le dopage voudrait protéger les jeunes athlètes ainsi que les amateurs. Le milieu sportif est sans doute le reflet dans lequel nous ne voulons pas trop regarder. Il est confortable de s'empresser à la critique, à l'interdiction, à la législation d'un tout petit monde quand nous souhaitons pouvoir « profiter » de tout dans la vie quotidienne ! Dopage compris !

Joëlle Terrien, sage-femme


La première définition légale du dopage en France date de 1965. En effet, la loi du 1er juin 1965 considère comme dopé :

Quiconque aura en vue ou au cours d'une compétition sportive, utilisé sciemment l'une des substances déterminées par le règlement d'administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé.

La loi du 28 juin 1989 donne une nouvelle définition du dopage :

Il est interdit à toute personne d'utiliser, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par des fédérations sportives ou en vue d'y participer, les substances et les procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l'emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé.

La loi du 23 mars 1999 donne maintenant la définition suivante :

Le dopage est défini par la loi comme l'utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d'un sportif. Font également partie du dopage les utilisations de produits ou de procédés destinés à masquer l'emploi de produits dopants. La liste des procédés et des substances dopantes mise à jour chaque année fait l'objet d'un arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé.